Les phytodermatoses sont des entités connues en dermatologie. Néanmoins, on ne trouve pas toujours l’agent causal. Il s’agit d’une phytophotodermatose lorsque l’exposition solaire est indispensable au développement des lésions cutanées. Nous rapportons deux cas pédiatriques de phytodermatose se présentant par une éruption bulleuse aiguë du visage.

Le premier cas est celui d’un nourrisson de 6 mois sans antécédent, vu aux urgences pour un érythème péribuccal associé à des phlyctènes et des érosions post-bulleuses. L’interrogatoire mettait en évidence l’ingestion d’une purée de panais cuit lors d’un pique-nique ensoleillé 24h avant le début de l’éruption. L’état général était conservé. L’évolution était rapidement favorable avec des soins locaux et un traitement de courte durée par dermocorticoïdes. Le deuxième cas est celui d’une enfant de 5 ans consultant aux urgences pour une éruption diffuse érythémateuse et pustulo-bulleuse du visage. L’interrogatoire retrouvait l’application directement sur le visage d’eau de pluie stagnant sur les feuilles d’une euphorbe maritime, la veille. L’évolution a été favorable sous dermocorticoïdes après perçage de bulles et soins locaux (Annexe A).

Nous rapportons un cas de phytophotodermatose au panais chez un enfant ayant consulté aux urgences au printemps. Cette observation illustre un type de contact remarquable, entraînant une phototoxicité : l’application du panais cuit sur la peau. Le panais contient de la furocoumarine, agent photosensibilisant qui, associé à une exposition solaire prolongée est à l’origine de lésions phototoxiques potentiellement sévères.

L’euphorbe maritime, Euphorbia paralias L. est une espèce vivace, principal représentant de la famille des Euphorbiacés. Elle est commune sur les sables du littoral atlantique. Toute la plante renferme un latex blanc et caustique, contenant une résine et des ester diterpéniques. Cette plante est très toxique : un cas d’insuffisance rénale aiguë a été décrit chez un patient atteint d’un syndrome néphrotique après ingestion d’euphorbe paralias en bouillon en automédication. Dans notre deuxième cas, c’est l’application d’eau de pluie ayant stagné sur les feuilles d’euphorbe, directement sur le visage, qui a provoqué la phytodermatose. Néanmoins l’enfant n’a pas présenté de lésion sur les mains et sa sœur jumelle était indemne, alors que son exposition était a priori identique.

Des lésions bulleuses localisées sur les zones photo-exposées nécessitent un interrogatoire détaillé afin de rechercher un contact avec un agent photosensibilisant végétal (céleris, citron, figue…) après avoir éliminé une cause médicamenteuse. Le panais est un légume de plus en plus utilisé en France, pouvant être à l’origine de phytophotodermatoses sévères. Certaines plantes possèdent également des propriétés irritantes indépendamment de l’exposition solaire, comme les euphorbes, courantes en France.